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L'appel du gravier

La Fecht m’a dit “non” ; mes cuisses ont dit “au secours”

🏷️ Épopées 📅 27 Sep 2025 ⏱️ il y a 1 semaine 👁️ 247 vues
La Fecht m’a dit “non” ; mes cuisses ont dit “au secours”
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Il est 17h45 et mes cuisses sont hospitalisées. Ce matin, j'ai enfourché le vélo pour 23 km sous un ciel gris à 11 °C — la température idéale pour conserver le jambon, moins pour le cycliste. Une semaine sans pédaler (pluie quotidienne, service continu), et me voilà à guetter la météo comme on guette la fin d'une réunion Teams : « une fenêtre ce samedi ». Fenêtre, oui. Avec double vitrage.

Je m'équipe façon haute couture gravel : vieux sweat à capuche, dignité approximative. Itinéraire inconnu, moral en bandoulière. Et là, révélation : j'ai découvert mon vélo, j'ai découvert le gravel, j'ai surtout découvert le caillou. Le caillou, la boue, les flaques, les herbes glissantes — un festival. Ça tapait, ça giclait, ça faisait « schlurp », et moi j'avais la banane, les dents à l'air comme un golden retriever dans un cabriolet.

Le GPS m'annonce « à gauche ». J'obéis. Je m'attends à un petit pont romantique sur la Fecht. À la place, un passage à gué — version printemps de la fonte des neiges. Aujourd'hui, pas un gué : une mer. Très bien pour un kayak. J'étais en vélo. J'ai donc renoncé à la carrière d'amphibien et repris un chemin agricole carrelé de cailloux et de boue. Mon vélo : nickel. Mes pneus Caracal, gonflés route, bande lisse au milieu, crampons timides sur les côtés : moins nickel. Retour sur l'asphalte, petite boucle, puis replongeon dans les vignes : herbe, boue, sourire idiot.

Particularité locale : de longues lignes droites. J'ai poussé. 30 km/h dépassés (bruitage épique), pas longtemps mais assez pour signer un traité de paix avec mon égo. Résultat : courbatures jusqu'aux fesses. Oui, jusqu'aux fesses — département méconnu de l'anatomie mais très habité chez moi aujourd'hui.

Côté réglages, j'ai rapatrié la cale gauche à la même adresse que la droite ; mon pied voyageait trop, il avait des miles. Hauteur et recul de selle : ça va. Cuir du pilote : encore en rodage, mais l'incendie périnéal est sous contrôle. Les mains : RAS. Position : belle, presque photogénique. Les pédales, en revanche, une poésie à part : je déclipsais sans cesse. Pas des pédales, des savonnettes. On verra pour investir… un jour où je marche sans cannes.

Mardi, je remets ça. Ce sera le 30 septembre et Garmin m'attend avec son objectif des 100 km mensuels. Je n'ai pas le choix : le compteur réclame sa dîme, et moi j'obéis, faible créature numérisée.

Au fond, que régler ? Le vélo ou moi ? Probablement moi. Quadriceps, ischios, mollets, comité d'accueil au complet. J'ai testé un nouveau casque (très aéré, parfait pour écouter ses propres pensées crier). Côté nouveautés, c'est tout.

Après la sortie, deuxième sport : Photoshop Beta. J'ai joué avec le style Robert Crumb — oui, j'ai invoqué Crumb, et la machine a obéi. Des images nerveuses, grinçantes, délicieuses. Ensuite, maintenance du site : la section « sorties » boudait mes images. Un coup de tournevis avec Cursor et Claude, et hop, c'est propre, ça compile, ça s'affiche. J'ai même tranché pour un style d'illustration : la journée parfaite du cyclo-geek, boue le matin, pixels l'après-midi.

Bilan : belle virée, beaux jurons, belles images. Des jambes qui couinent, un site qui tourne, un cerveau content. Si c'est ça, le bonheur, je resigne demain (après un étirement et deux cafés).

Tchuss.