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Cerfaos
Cerfaos
L'appel du gravier

La Naissance d'un Compagnon

🏷️ Compagnons 📅 16 Sep 2025 ⏱️ il y a 3 semaines 👁️ 247 vues
La Naissance d'un Compagnon
🏷️ Compagnons

Chapitre I — Comment ouvrir un portail… avec une lame forgée

Il y a des jours où la porte s'ouvre sur un livre. Celui-ci n'avait ni reliure ni parchemin, mais la forme d'un grand carton des temps anciens. Dedans, un cadre Elves noir caméléon rouge qui chuchotait déjà son nom dans la langue secrète des dérailleurs des Terres Elfiques.

Je pris mon mug fumant, mes clés Allen runiques et, dans un coin de mon esprit, le vieux compagnon qui sommeille en moi, Cerfaos Ar Karv, le cerf au front têtu, compagnon de mes errances depuis l'âge où l'on croit encore que les vélos poussent dans les magasins. Nous allions rencontrer Aerlinn Calen, ce destrier terrestre à propulsion jambière.


Chapitre II — La Faille qui sent le carton neuf et les promesses d'acier

Le livreur s'en alla, rideau baissé, tel un messager des dieux ayant accompli sa mission divine. Moi, devant le carton-sarcophage, j'hésitais comme face à un portail dimensionnel : fallait-il trancher le ruban ou appeler un druide ? Par prudence, je fis les deux.

Un coup de lame forgée, et la Faille s'ouvrit. Odeur de mousse prometeuse, parfum de voyage. Le cadre refléta des braises rouges dans sa nuit noire, comme les yeux d'un cerf sacré des forêts anciennes.

« Ne brusque pas la monture, » murmura Cerfaos avec la sagesse de celui qui a vu naître mille bicyclettes. « Il a traversé les royaumes emballé dans du carton. Les esprits du transport sont encore en lui. »

Le vélo sembla frémir doucement, approuvant cette sagesse ancestrale.


Chapitre III — La Forge et la Notice (le petit peuple de l'ombre s'appelle PDF)

Chaque pièce apparut comme un artefact sacré : fourche élancée d'acier trempé, roues promises aux chemins infinis, petites vis en sachets runiques marquées de symboles barbares. Mon salon devint une forge digne des halls d'assemblage d'Avalon.

Les petit peuple de l'ombre s'appelaient "notice PDF" et "couple recommandé", créatures mystérieuses parlant en mesures métriques et en diagrammes incompréhensibles. La potence serra au clic magique, la tige de selle bougea d'un cheveu (unité officielle du Royaume de l'À-Peu-Près), les pneus reçurent leur souffle mesuré comme une insufflation de l'âme voyageuse.

Une goutte d'huile de chaîne, philtre de longévité, bénédiction discrète aux reflets d'ambre.

« Par Lugh (dieu celte des arts et de l'artisanat) et ses roulements à bille ! » s'exclama Cerfaos. « Voilà un assemblage digne des légendes du Sidhe (le peuple des collines magiques) du pédalage ! »


Chapitre IV — Couples, clics, et autres délicatesses mécaniques

Sous la lampe, tel un orfèvre au travail, j'apprivoisai le cerf-machine. Les reflets rouges dansèrent et me firent sourire. Le réglage des vitesses devint accord mystique de l'harmonie, chaque clic un pas vers l'éveil de la monture endormie.

J'eus la décence de ne pas dire « je t'aime » trop fort à cette créature d'acier et de rêves. Cerfaos toussa, par pudeur séculaire.

« Un vélo sans sonnette, c'est comme un barde muet, » philosopha-t-il. « Mais celui-ci chantera par ses rayons dans le vent. »

Le vélo lui chuchota en retour : « Je ne suis qu'un assemblage... pour l'instant. »


Chapitre V — Baptême des noms : Aerlinn pour chanter, Calen pour tenir

Vint l'heure du premier tour de pédale, éveil solennel de la monture endormie. Je soufflai le nom comme une incantation : Aerlinn Calen. Trois syllabes de souffle, deux de terre. Le chant et le vert. Un nom double, comme pour les compagnons dont on attend beaucoup : un titre pour la légende, un surnom pour la route.

« Aerlinn pour chanter, Celen pour tenir, » conclut Cerfaos avec la gravité d'un druide bénissant une épée. « Et que les catadioptres, ces yeux de chat mécanique, veillent sur tes voyages ! »

Et la Monture naquit, non pas objet de carbone et de métal, mais bête apprivoisée aux deux roues, cerf noble des chemins oubliés, prête à porter son cavalier vers les horizons où dansent les ombres et les légendes.

Car enfin, diraient les sages de l'École Normale de Bicyclette, un vélo assemblé avec amour ne vieillit jamais : il devient simplement plus sage, plus râpé, plus beau.